Mon côté obscur !

leeloo3
(moi à 22 ans et Gabriel)
Hier, par un groupe facebook de blogueuses, je tombais sur l’article de Whynotmoi et “sur ses petites bêtes”. J’ai été touché, bouleversée et enfin, quelqu’un ouvrait une porte pour moi. Un sujet remplis de débats et qui vient me chercher trop profondément, sans que je puisse rester insensible et “raisonnable”.
J’ai 18 ans, quand je suis tombée enceinte la première fois. Élève tranquille, qui ne déplace pas trop d’air, au Cegep et qui est assidue et “sage”! J’ai un chum, mais pas le bon. Celui qui me ment à “tour de bras”. Celui qui croit que tout est permis, même dire à sa blonde trop naïve qu’il est stérile. Le chum qui ne donne plus de nouvelles pendant des semaines pour je ne sais quelle raison. J’ai de la peine, mais je me dis que par amour, ben coudonc, il va ben revenir un moment donné. On ne se protège pas. Je l’ai cru ! Je le crois tout le temps. Je l’aime ! Mais je le trouve “poche”.
Je ne me rappelle plus comment le doute sur ma grossesse s’est produit. Ça s’est effacé de ma tête. Je sais juste que j’ai appelé le chum en question pour lui annoncer. Je me suis fait garocher par la tête “ben tu vas pas le garder?” et mon côté de “je fais jamais ce qu’on m’ordonne de faire” a été ma réaction première “Qu’est-ce que tu vas faire si je le garde ?”… Je voulais qu’il souffre, qu’il ait peur, qu’il paye. Entre temps, j’ai su qu’il avait une relation en parallèle avec une autre fille par un ami qui a été vraiment gentil de m’avertir. D’ailleurs, ce beau feuilleton de “je couche avec tout le monde “(lui), m’a apporté en prime une chlamydia. J’étais littéralement en Tabarnak.
Le sentiment de solitude qui s’est installé était épouvantable. J’avais des gens autour de moi, mais mon dieu, que je me sentais toute seule là dedans. Rien ne soulageait ma peine, ma peur. J’étais pas prête à avoir une bébé. Pas là. Je pouvais pas. C’était impensable. C’est l’enfant qui aurait subit les conséquences de ma naïveté et de la connerie du chum. C’était claire: je ne pouvais pas le garder. Je serais pas capable et j’étais littéralement en mode panique. Je pouvais pas avoir l’image du chum, qui à mon avis était la personne la plus horrible du monde, en mini devant moi. J’aurais détesté mon enfant à mort !
Je suis allée à l’hôpital avec ma maman pour l’intervention. Ma phobie des hôpitaux était déjà présente. Je sais qu’on me donne un calmant pour être un peu paf. Je ne me rappelle pas si on me gèle localement ou pas. J’ai pas souvenir de rien. Je me rappelle clairement d’une chose: je me fais stationner dans un couloir devant deux grosses osties de portes oranges foncées. Je m’en vais l’autre bord. Je capote, je panique, j’ai mal au coeur… je vomis. Je vais mourir. Je rentre dans ces foutue pièce avec plein de monde. Je sais pas qui est qui… et on procède.
J’ai mal, tellement mal. Physiquement c’est insupportable. Une infirmière me tient la main, et je pleure de douleur. Ostie que ça fait mal. Comment ça que ça fait mal de même. Personne m’en a parlé. Pas que l’intervention est longue, mais comme j’ai mal, je ne le supporte pas.
Après, je me ramasse dans mon lit, chez ma mère sous anti-douleurs. J’ai encore mal au ventre. Je veux dormir. Je suis en quelque sorte soulagée !
À ce jour là, je suis devenue une autre. J’ai changé littéralement, mais je ne le savais pas vraiment. Comme un grand sentiment de liberté, de soulagement et de haine envers tout ce qui était un “gars”. Comme si je me foutais de la planète entière. Un gros Fuck You aux gars de la planète, une grosse vengeance inconsciente. Rien n’était vraiment grave et je laissais plus souvent qu’autrement. C’est en France, une conciliatrice conjugale (que je voyais seule), qui m’a dit que j’aurais du voir des psychologues après ou en jaser.
Ça fait 20 ans, j’en parle presque pas ou pas en détails. J’ai honte d’avoir été naïve, de ne pas avoir su gérer cette fragilité qui était la mienne. J’ai peur du jugement, qu’on me classe dans les fuckée de ce monde. Je l’écris et j’ai encore mal de penser à ces deux portes orange. Dans ma tête, c’est une erreur, pis je dois vivre avec. Je ne me le pardonne pas. Je commence à m’ouvrir là dessus mais c’est difficile. C’est mon côté obscur.
D’ailleurs, mon excessive sensibilité a été décuplé à cause de cet évènement. Je ne me rappelle pas si j’étais moins pire avant, mais je sais que je suis  plus intolérable maintenant. Surtout quand quelqu’un que j’aime me ment. Ce sentiment de colère revient et possiblement que je disparaisse de la vue de la personne suite à ça. Je ne dis pas “j’ai de la peine”, souvent ça vire en “Fuck you” et je disparais du décor.
Bref, le choix d’interrompre une grossesse ou pas nous regarde que nous. En même temps, imposer une grossesse à quelqu’un, je trouve que c’est épouvantable. J’aurais pas survécu à une grossesse. J’aurais pas pu l’aimer. Il en aurait souffert.
Je réitère mon “C’est facile” de juger ou de dire “je suis pro vie” quand on ne le vit pas. Mais je suis fatiguée de me punir pour ça alors qu’à mon avis, j’ai fait le meilleur choix pour lui. Il ou elle aurait 20 ans. Mais il serait horriblement malheureux.
Je terminerai sur le fait que j’ai vécu une autre interruption de grossesse. J’ai compris avec le temps, que je tombe facilement enceinte et que même la pilule du lendemain et le condom, c’est pas toujours full sûr à 100 %. J’ai vécu ma vingtaine sur une peur d’être enceinte constamment. J’ai jamais autant investi dans l’achat de tests de grossesse. Je faisais attention mais quand même, je suis un peu badluckée faut croire.
Merci à Whynotmoi pour cette porte, c’est difficile pour moi de le faire. Mais oui, fallait que je le fasse .
**** Mise à jour *****
J’ai 38 ans, je me lis et relis, et je pleure encore ! Je m’énarve ! lol
*** Note: Je tiens à souligner le support des mes parents, de mes amies Soso, Nancy et du chum qui a été là par la suite et qui a subit les contrecoups. Ce chum a souffert solide suite à ça, parce que j’étais trop rendue “fuckée”dans ma tête.

4 commentaires

  1. Ton histoire me touche. Nos histoires se ressemblent un peu par notre naïveté de jeune adulte ou de vieille ado. ;) Un avortement, disait Isabelle Brabant (la célèbre sage-femme), c'est une histoire d'amour impossible. Les deux miens (entre mes deux premiers bébés et après Béatrice), ce fut cela: deux histoires d'amour impossible.

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    1. J'aurais aimé ça qu'on me dise ça plus jeune. Au lieu d'entendre des jugements (pas directement à moi) sur "on tue des bébés"! (J'exagère). Comme s'il fallait tout le temps être parfait. Sans failles. C'est lourd ! Merci de ton petite baume. J'adore ça !

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  2. Même si j'ai commenté via Facebook, je tenais à venir te dire merci de partager ton témoignage.

    Je sais que tes mots aident les femmes qui font ce choix difficile. xxx

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  3. Je te suivais depuis une couple d'annee.... et je suis en train de lire ton blogue en envers :o) Je viens de lire ce post et c'est exactement ce que Jennifer mentionne sur son commentaire, la phrase de Isabelle Brabant.... J'en ai eu deux aussi :o/ Oui, nos histoires se ressemblent!


    Monica xox

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Merci de votre commentaire !! Je vous réponds bientôt ! (votre commentaire a été soumis à l'approbation, il sera vérifié et apparaitra sous peu)

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